Non, moi je ne suis pas artiste peintre, mais auteur.
Je vous rapporte simplement la réponse qu'un homme a fait au représentant du Conseil Général, lors de la réunion à laquelle j'ai assistée ce matin. L'artiste expliqua que cela fait trente cinq
ans qu'il est peintre, qu'il est coté mais qu'après avoir perdu sa femme, il est tombé dans une grosse déprime. Puis pendant deux ans, il a essayé de trouver un stage de formation à la
communication pour pouvoir se vendre car avant, c'était sa femme qui s'en occupait, mais qu'il n'a rien trouvé. Qu'il n'est pas Rmiste, mais artiste peintre ! Et comme nous tous, il est le cul
par terre parce que les charges ne serait-ce que pour avoir un toit sur la tête sont trop lourdes
Le Conseil Général a mis en place, par appel d'offres, une structure visant à aider les artistes à "s'insérer". Bref. Le représentant du CG, un homme bien gentil et bien fonctionnaire est donc
venu expliquer à une cinquantaine d'artistes que le RSA n'est pas un choix de vie, c'est juste une aide et qu'il ne faut pas en abuser !!! Il a dit que le principe, c'était de le remplacer par
des ressources liées à l'activité et que les artistes doivent donc être productifs !!! Je ponctue avec trois points d'exclamation chaque fois, c'est juste pour vous dire que j'écris "fort".
Pendant trois quart d'heure, l'homme nous a asséné que le RSA coûte cher et qu'il devait être vite remplacé par le produit du travail. Que nous devions être disponibles à l'emploi, ce à quoi j'ai
répondu qu'il serait bien que l'emploi soit aussi disponible, nous pourrons ainsi concrétiser le contrat !!! Avec cinquante artistes libres penseurs qui ne se sont pas gênés pour lui faire part
de leurs sentiments, l'homme a finalement quitté le théâtre où nous étions réunis, ventre à terre.
Comme chacun devrait le savoir, le RSA n'est pas un choix de vie. Une de ses assistantes n'a pas manqué de préciser que nous étions dans un Pays privilégié puisque ces aides existent. Ce à quoi
j'ai répondu que nous ne devions pas être aussi privilégiés que ça puisqu'il a été nécessaire de créer ce dispositif pour que nous ne soyons pas totalement fracassés dans la rue !!! Les êtres
humains n'ont-ils de la valeur que par le chiffre inscrit au bas de la feuille de paie ?
Il a été demandé aux artistes de proposer des projets d'insertion. Gasp ! En fait, l'association choisie par l'appel d'offres (c'est nouveau, vicieux vous allez voir) est donc chargée
d'accompagner les artistes mais il n'y a pas d'artistes parmi les intervenants. C'est un premier point. Ensuite, cette association a une épée de Damoclès sur la tête. Si cette année, elle a pu
détrôner la précédente association, il n'est pas dit que l'an prochain, il n'y aura pas un canasson qui proposera encore moins cher et qui emportera le marché. Donc, le travail effectué par cette
association ne servira à rien. Mieux : vu qu'elle n'a aucune garantie sur un avenir à plus de un an, elle s'est installée dans un boui boui signé en bail précaire, hé, hé. Donc aucune structure,
rien que deux bureaux dont un aveugle où on étouffe. C'est comme ça en France qu'on se débarrasse de ces emmerdeurs d'artistes.
Mais comme nous avons malgré tout un moral d'acier, nous avons dit à ces braves gens que ce genre de réunion ne nous intéresse guère. Le fonctionnement du RSA s'est révélé être un casse tête
chinois aussi bien pour eux que pour nous. Comme ce n'est pas une finalité, nous avons modestement proposé que les prochaines réunions devraient se faire différemment. Je proposai que nous
réalisions entre nous des projets visant à méler différents arts, que nous les proposions sous forme de show-case et demandai à l'association de travailler à faire venir des professionnels et de
trouver une salle où nous produire.
Nous avons discuté entre nous, échangé, nous nous sommes nourris de l'engouement des uns des autres, ce qui fait que chacun est parti gonflé à bloc. Voilà !