Ce n'est pas le soleil qui me tape sur la tête, quoique... Il fait chaud, chaud... Pas un temps à se précipiter pour aller bosser. Les mammifères ne travaillent pas quand il fait chaud,
c'est contre nature. Oui mais il y a les horaires qui nous imposent de faire tous pareils en même temps, me répondrez-vous.... Surtout, quand on va contre nature, on est déboussolés et donc plus
fragiles, plus manipulables...
C'est quoi exactement votre idée du bonheur ? je ne parle pas du plaisir, ni du désir, mais du bonheur. Oui, le bonheur, ce n'est qu'une idée, il n'y a pas de liste d'ingrédients, c'est
personnel, c'est un état subtil, imprévu, imprévisible. Or, on nous a fait croire qu'on pouvait nous vendre du bonheur et on nous a donné une liste d'ingrédients à se procurer. Pour cela, il faut
travailler, cong ! Hé oui, c'est un truc de dingue : travaille mon coco, use tes forces pour faire tourner les machines, donne ta sueur et nous on te nourrit d'illusions ! Le bonheur, on va t'en
placarder plein les murs de la ville, on va même te l'écrire dans le ciel ! Et tu vas continuer à courir comme un con pour essayer de l'atteindre.
Assez les boeufs Oh Oh ! Doucement ! Y a un coin d'ombre, allons-y mettre nos abattis sous l'arbre. Rien de plus que le ciel tout bleu, un nuage solitaire qui court, une mouche courageuse et le
chant des cigales à la place de la radio. Et laisser faire.... L'imagination ne tarde pas à débarquer... Et là, elle nous construit un conte de fées. Nous sommes les maîtres de nos vies, nous en
faisons un roman, mais non, 100 romans. A toute allure, rien ne peut nous arrêter. Poètes ? Mais nous ne sommes que des poètes. Nous sommes des poètes et ce que nous préférons faire, c'est rêver.
Il est là le vrai bonheur ! Alors pourquoi vouloir réaliser ses rêves ? Les rêves sont irréalisables et de toute manière il n'y a aucun intérêt à les réaliser. Si on y parvient, ce ne sera plus
un rêve, il ne nous intéressera plus, on ira vite se remettre à rêver. Mais on aura perdu beaucoup de temps, tout le temps qu'il aura fallu réaliser le rêve. Vous me suivez ?
On nous dit, le chômage, c'est terrible, c'est la dégringolade, c'est la honte ! Alors on court dans tous les sens pour essayer de trouver un boulot. Je dis bien un boulot, un truc alimentaire.
Enfin, l'alimentaire, c'est plutôt pour le patron qui t'emploie et si c'est toi qui décide d'être ton patron, faut savoir que tu ne mangeras pas tous les jours comme un prince. Bref; Faut qu'on
ait un boulot pour payer les crédits, le loyer, les frais de bagnoles et tout un tas de trucs qu'on a sur le dos et qui rend la démarche lourde, les pensées étriquées, la vie pleine de petites
misères qui attaquent le capital rêve et peut même nous rendre aigri. Et c'est marrant, parce qu'on travaille pour se payer des trucs que d'autres font pour se payer des trucs, etc... C'est
con comme système ! Et apparemment on est arrivé au bout de l'histoire.
On nous dit, si t'as pas de boulot, t'es pas épanoui, tu restes tout seul dans ton coin, tu deviens un con. Ah bon ? Parce que faire toute la journée un truc qui ne plait pas, c'est vachement
épanouissant ! Mais il y a tant et tant de choses à faire, à voir, de gens à aimer, de frontières à abolir. Ne serait-ce que reprendre contact avec les siens, lire, rendre service, échanger du
savoir, se restructurer le Monde du rêve.
On nous dit, faudra que tu gagnes moins pour faire plaisir à ton patron. En Angleterre, British Airways a même demandé à ses employés de travailler gratuitement pendant un mois. Le patron a donné
l'exemple. Il est vrai que lorsqu'on gagne 60 000 euros par mois, c'est plus facile de sauter un mois de salaire que pour le stewart.
Les entreprises resserrent les boulons, ne savent plus quoi inventer pour virer le personnel. Des jeunes installés qui avaient pris un crédit pour payer la maison se retrouvent le bec dans l'eau.
C'est peut être la cata, enfin, c'est ce qu'on nous dit.
Y a plus de boulot mes seigneurs, le peu qui reste ne sera pas cher payé vu qu'il faut le partager entre des milliers de demandeurs d'emplois angoissés à l'idée qu'ils seront bientôt à
dormir à la belle étoile.
Le système se casse la gueule et rien ne pourra stopper sa dégringolade. Est-ce un drame ? Mais non !!! Au contraire, c'est une aubaine incroyable ! Lâchez-vous ! Ca fait des lustres qu'on
nous dit comment on doit vivre et qu'on le fait pour être dans la norme et qu'on pleure sur nos chaussures !
Le Monde est à refaire puisque nous nous sommes trompés sur toute la ligne. Et plutôt que manifester pour avoir du boulot, arrêtons les machines, reposons-nous, buvons un verre, chantons,
dansons, jouons de la musique, faisons un grand feu de joie ! C'est l'été, d'ailleurs, la fête de la musique. Sortons dans la rue, allons danser sur le tarmac !
A un moment, faut leur demander d'arrêter de nous gueuler dans les oreilles, de s'agripper à leurs sous car toutes leurs valeurs d'aujourd'hui ne vaudront plus queue dalle demain ! Allez hop ! Un
peu de sieste, une bonne orangeade, et on se prépare les baskets, et on se prépare à se mélanger dans la rue au son de la musique !
Dans la vie faut pas s'en faire, moi je ne m'en fais pas....... Ou du moins j'ai arrêté de m'en faire... Ca marche !