Re-connexion, ambiance bien vivre
Albanel a fait son festival de Cannes. Participant au déjeuner de la SACD (société des auteurs et compositeurs dramatiques) elle s'est bien sûr empressée de vanter son succès à l'Assemblée avec sa loi Hadopi, n'hésitant pas sur les difficultés qu'elle a rencontrées et tous les obstacles que vaillamment elle a dû franchir pour satisfaire les lobbies internationaux de la musique et du cinéma. Et toute fière de se présenter en tant que pionnière, elle affirme que le Monde nous regarde avec envie. Le Monde d'Albanel je suppose... Et comme le dit si bien Cantona "quand les mouettes suivent un chalutier, c'est parce qu'elles pensent qu'il va y avoir de la sardine'. Albanel, ceinte à son tour de l'auréole qui sied à présent à tous ces bons pères et bonnes mères du peuple, elle affirme que cette loi est surtout un cadre psychologique de prise de conscience et de message pour la société entière, pour défendre des valeurs auxquelles elle et son gouvernement tiennent, les droits d'auteur.
Comme désormais les artistes sont passés de saltimbanques à nantis privilégiés, il ne fait aucun doute que dans un gouvernement bling bling, c'est vers eux qu'on déroule le tapis rouge. Et c'est faire honneur aux usines de sardines, c'est-à-dire aux quatre majors qui règnent sur leur destin après les avoir étiquetés et soigneusement formatés.
Alors bien sûr le président de la SACD s'est confondu en remerciements et a salué l'opiniâtreté de la ministre qui nageait dans son huile d'olive. Et bien sûr, il a terminé par un " c'est le début de quelque chose que tous ensemble il faut qu'on gagne". Tous ensemble contre les consommateurs, c'est nouveau mais ça a de l'avenir !
Et puis, toujours papillonnant sur des sujets qu'elle ne connaît pas, Albanel a incité les jeunes à privilégier le cinéma plutôt que l'ordinateur, afin de vivre pleinement le cinéma ! Ah gleu ahgleuahgleu !
Ce à quoi je répondrai :
- Si les places de cinéma étaient moins chères, les jeunes iraient plus souvent dans les salles obscures car en principe, les jeunes en question et surtout ceux qui télé chargent sont des fans de cinéma, nan ? Oui parce qu'ils ne télé chargent pas de manière automatique, comme on prend son café à la fin du repas. Il leur faut bien une raison de télé charger, nan ? Et comme ils ne font pas de commerce avec les films, c'est bien qu'ils les regardent nan ? Et la télé n'étant plus en mesure de leur fournir une variété de films suffisant à rassasier leur étonnante culture cinématographique, ils vont chercher les films sur Internet. Comme les DVD coûtent la peau du cul, ils ne peuvent se permettre d'acheter que les films cultes, ceux qu'ils ont vraiment envie de regarder plusieurs fois.
- Cela m'amène à un autre point de réponse. Le cinéma d'aujourd'hui n'est plus celui d'hier. Rares sont les films qu'on a envie de regarder deux fois. Le cinéma, grâce aux majors est devenu produit de consommation !!! Et donc, on le consomme et on l'efface. Il ne reste rien, c'est bien ce que voulaient les majors et les diffuseurs, nan ? D'ailleurs les films ne restent pas longtemps en salle non plus. En quelque sorte, les majors ont donné au spectateur le fromage et les sanctionnent à présent de le manger. Alors bien sûr, il y a la VOD. Au prix où sont proposés les films, niet !!! Béh oui, à force de produire en quantité, on a bien sûr rogné sur la qualité et donc le consommateur ne veut pas acheter une merde ni même un gentil film sans prétention , à prix d'or !
- Le cinéma est aujourd'hui universel. Démocratisé grâce à la télévision, il fait partie de la culture des jeunes au même titre que la musique. Je crois donc que Madame Albanel est à côté de ses pompes une fois encore, elle ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, marcher sur des sentiers battus, suivre un ordre de mission sans réfléchir, comme d'hab. Et surtout cette moralisation de la politique devient insupportable ! La politique au service du capitalisme et la voici qui cavale en robe de curé !
Je rappelle que l'industrie du cinéma n'a jamais aussi bien marché ! Cela a d'ailleurs entraîné une hausse indécente des cachets des artistes, certains recevant 20 millions de dollars pour tourner un film. En ce qui concerne les séries télévisées, des nanas comme les desperates housewives perçoivent en moyenne 200 000 euros par épisode tourné en une semaine !!! Vous imaginez, il y a 25 épisodes par saison ! Entre les majors qui se gavent et les artistes de plus en plus gourmands, il y a effectivement les auteurs, scénaristes, compositeurs qui ne reçoivent que des miettes. Mais ce n'est pas à cause du télé chargement. C'est comme ça depuis toujours. En France, on a même supprimé le scénariste, le dialoguiste et c'est pourquoi on a des scénarios de merde. Franchement, je ne crois pas que beaucoup de film français soient télé chargés. A part les comiques qui font d'un sketch un film d'une heure et demi , la France ne produit rien qui vaille la peine de se déplacer au cinéma, au prix où sont les places. Les majors s'en prennent aux internautes pour noyer le poisson et ainsi, elles se libèrent d'un soupçon de culpabilité vis-à-vis des auteurs qu'elles méprisent.
Voilà ! On a voulu faire des films à la chaîne et en même temps on a monté le prix des places. C'est plutôt de là que vient le problème. Empêcher les gens de
télécharger ne fera que précipiter les choses. Les industries du disque et du cinéma vont mourir de leur belle mort, enfin, et on pourra peut être revenir à une vraie production artistique
et à une juste répartition de la rémunération. Cela est possible grâce à Internet qui permet de se passer du producteur et du diffuseur, les postes les plus gourmands. Chacun peut proposer son
oeuvre et a donc la possibilité de trouver son public. Il n'y aura plus d'inégalités aussi scandaleuses qu'aujourd'hui en matière de rémunération même des artistes où la hiérarchie est devenue
aussi insupportable et injuste que dans une entreprise du CAC 40.
Quand au festival de Cannes, je pense que c'est un festival de débauches, de frics et autres petits plaisirs le plus souvent
interdits, mais autorisés dans un cercle des plus perverti. La palme d'or est toujours un choix politique. Ce festival est en totale désuétude. Il nous rappelle une époque où la monarchie
décadente tentaient de briller alors qu'elle n'était plus que l'ombre d'un temps révolu.